582              MEMOIRES DE PIERRE DE LESTOILE.
sur le president Le Maistre, où il sceust que la requeste n'avoit point esté presentée ( comme la verité. estoit telle, aiant tenu exprés ce langage, de peur que le* prevost ne la communiquast au duc de Maien ne) : le­quel dit prevost fust trouver à sept heures du soir, et lui donna à entendre comme tout s'estoit passé > le priant d'y pourvoir et y donner ordre plus tost que plus tard, pour ce que le peuple remuoit fort, et qu'il y avoit danger d'une mutinerie et dangereux soulèvement Auquel M. du Maine respondant lui demanda que c'est qu'ils vouloient de lui, et ce qu'ils lui demandoient; de quoi ils se plaihgnoient, et quel subjet il leur avoit donné de se plaindre et lui en vouloir tant. Auquel k prevost respondit qu'ils avoient ceste ferme opinion qu'on les vouloit trestous faire Hespagnols, et que tous ses desseins ne tendoient qu'a cela. Alors M. du Maine serrant le bras audit prevost, lui dit : « M. le pre* « vost, je scai que vous estes homme de bien, et mon « serviteur. Je vous prie, dè tant que m'aimes, d'en? « tretenir ce peuple et le manier doucement, attendant a que j'aie donné ordre à tout, qui sera le plus promp» « tement que je pourrai : et par le sang Dieu je vous « le dis et vous le j ure,, et vous prie d'en assurer ce « peuple, que je ne suis et ne serai jamais Hespagnol, « mais bon François. Ce que je leur ferai paroistre de «c brief, moyennant qu'ils me laissent gouverner les af­ff faires. Je n'i gasterai rien : au contraire,.j'espere de « leur en faire bientost ceuillir les fruits. Mais quils « se gardent bien d'enjamber sur mon auctorité : car « je la défendrai tousjours, tant que j'aurai une espée «k au costé. »
Le samedi 15, M. de Belin vinst au parlement, ou
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